Présents pour les rectorat :
- Mme Julie BENETTI, Rectrice de l’académie de Créteil
- M. Medhi CHERFI, Secrétaire général
- M. David BERAHA, Secrétaire général adjoint, DRH
Présents pour le SNALC :
- M. Loïc VATIN, Président du SNALC, commissaire paritaire
- M. Wael MAJRI, Responsable Premier degré
- M. Arnaud FABRE, Professeur agrégé de lettres classiques
- Mme Safia MEDINI, Responsable des contractuels, élue en CCP, déléguée auprès du rectorat
Lors de cette longue entrevue, les points suivants ont été abordés :
La sécurité des établissements :
Les fausses alertes ont été nombreuses mais sont en nette diminution depuis des sanctions et des comparutions immédiates devant la justice. Des situations particulières inquiétantes dans certains établissements et des intrusions sont signalées.
Une campagne d’évaluation a eu lieu. Les collèges et lycées doivent prendre les mesures nécessaires concernant les réparations d’envergure modeste (porte défectueuse, changement de serrure, etc.). En revanche le rectorat compte sur les collectivités locales pour les aménagements d’ampleur.
La prime de fidélisation territoriale du 93 :
Le nouveau décret entraîne un élargissement des collègues susceptibles de percevoir cette prime, ainsi qu’un versement en plusieurs tranches, partiellement anticipé.
Il en découle un risque de devoir rembourser une partie des sommes perçues en cas de départ du 93 avant terme. Un cadeau empoisonné, en quelque sorte.
Les lettres classiques :
Les professeurs de cette discipline passent pour des privilégiés aux yeux de leurs collègues, et les textes ne sont que trop peu respectés à cause de l’autonomie des établissements et de la réforme du collège de 2016.
La règle 26+3 de marge par division ne permet pas aux petits établissements de fonctionner car les options « coûtent » la même chose quelle que soit la taille du collège.
La Rectrice s’étonne de l’absence de soutien des IPR de Lettres au latin et au grec : « c’est un monde ! » Elle estime qu’une demande justifiée de dotation complémentaire de 1 ou 2 heures adressée aux DSDEN doit aboutir. Nous lui répondons que le plus souvent ce n’est pas le cas.
Nous demandons, à défaut d’injonctions auprès des personnels de direction, de promouvoir les LCA et d’inciter à développer les sections existantes au lieu de les fermer.
Il est rappelé que le rectorat ne fixe aucun seuil minimal pour l’ouverture des options, et demande aussi que les collègues concernés lui signalent les tentatives de certains chefs d’établissements de décourager les élèves à poursuivre latin et grec, tout particulièrement en Seconde.
Les stages de Seconde générale et technologique :
Comment faire pour que les 35 000 élèves de l’académie en 2nde générale et technologique aient tous un stage en juin ? Réponse optimiste de la Mme la Rectrice : on compte sur la mobilisation du tissu socio-économique.
La bonification pour les agrégés demandant des lycées :
Elle se réduit comme peau de chagrin d’année en année. Le SNALC plaide pour que le statut de ces derniers soit respecté.
Citons une nouvelle fois le décret n°72-580 du 4 juillet 1972 : « Ils assurent leur service dans les classes préparatoires aux grandes écoles, dans les classes de lycée, dans des établissements de formation et, exceptionnellement, dans les classes de collège. ».
Le moins que l’on puisse dire est que l’on n’en prend pas le chemin, la bonification ayant chuté de 200 points à 90 en quelques années, et n’étant plus cumulable avec les bonifications familiales ! D’autant que dans le même temps le barème d’ancienneté dans le poste est passé de 10 à 20 points par an, et de 25 à 50 points tous les 5 ans.
Bref, le message de notre académie aux agrégés est plus que jamais le suivant : « Ne venez pas ! »
Les lycées professionnels :
Quel avenir pour les collègues dont la discipline disparaît ? Des places sont créées. Transformation à l’échelle de l’Ile de France de la carte des formations. Augmentation nette de l’orientation en voie pro depuis 2022-2023.
L’objectif est de développer la voie professionnelle, donc pas de fermer des postes. Reste que la suppression de filières « non insérantes » entraînera fatalement la fermeture de postes dans certaines disciplines, et que le devenir des collègues concernés est plus que jamais incertain.
La part modulable de la prime Rep+ de l’année 2022-23 :
Si cette prime a bien été versée dans le 2nd degré, il apparaît que ce n’est pas le cas dans le premier degré. Ces difficultés proviennent des DSDEN qui seront sollicitées. Le rectorat veillera à ce qu’elle soit versée avec le salaire du mois de novembre.
Mise en place du pacte dans le 1er degré :
Dans certaines circonscriptions, la mise en oeuvre du soutien aux élèves se fait de 17h à 18h alors que la fin des cours est à 16h30. Les enseignants doivent donc assurer bénévolement la surveillance des élèves dans la cour pendant une demi-heure.
Le rectorat reconnait que cette situation ne devrait pas se produire et que cette demi-heure devrait « dans l’esprit » être prise en charge par le périscolaire. Une discussion aura lieu avec les inspections d’académie concernées pour trouver une solution.
Evaluation des risques professionnels :
Nous demandons à ce qu’un chantier d’évaluation des risques professionnels ait lieu dans les établissements car beaucoup trop de collègues taisent et acceptent leurs conditions de travail qui continuent de se dégrader. On nous renvoie vers le RSST et les travaux du FSSSCT.
Nous proposons également la mise en place d’un registre des accidents de travail bénins, à l’instar du secteur privé, afin de signaler tout accident ne nécessitant ni soin ni arrêt de travail pour créer une trace nette en cas d’aggravations ou de complications et ouvrir une prise en charge. Bien que l’objectif initial soit d’éviter toute situation pouvant amener à l’accident, ce registre permettrait de faire remonter les problématiques auxquelles sont confrontés les enseignants pouvant affecter leur intégrité physique et psychique et ainsi permettre de travailler sur des mesures de prévention. On nous répond que l’Éducation nationale n’est pas concernée par la mise en place d’un tel registre et que son instauration relèverait d’une décision ministérielle.
Une nouveauté toutefois pour 2024 : la dématérialisation de la déclaration d’accident de service. Ceux qui ont eu l’occasion de remplir ce dossier plus que touffu comprendront pourquoi il faut se réjouir de ce progrès !
L’école inclusive :
Comment faire l’inclusion sans moyens suffisants ? Avec des notifications mais sans les heures afférentes ? Résultat : souffrance pour tous, adultes, élèves notifiés et bien sûr les autres élèves qu’on a trop souvent tendance à oublier.
Nous évoquons longuement les situations difficiles vécues par les professeurs en charge d’élèves en situation de handicap où les moyens humains et matériels manquent cruellement. Trop nombreux sont ceux qui prennent sur eux-mêmes et arrivent à un point de rupture sans qu’aucune solution pérenne ne soit trouvée.
Mme la Rectrice précise que l’inclusion ne se limite pas à un accompagnement humain (les AESH) mais aussi à une pédagogie adaptée – quand elle est possible !
Mme la Rectrice signale le manque de place en IME et ITEP (structures médico-éducatives) et l’explosion du nombre de notifications MDPH qui a entraîné une explosion du recrutement d’AESH : un triplement en 6 ans ! Qui ne suffit pas, hélas, à couvrir les besoins.
Il faut sans doute s’inquiéter, soit de la situation médicale de nombreux élèves, soit d’un certain laxisme dans les notifications. Dans tous les cas, cela représente un budget conséquent.
L’entretien s’est poursuivi par l’évocation des difficultés en secteur professionnel, des problèmes spécifiques aux contractuels dont le nombre n’a pas baissé malgré la réforme du lycée, et, enfin, de cas spécifiques pour lesquels nous avons sollicité une attention soutenue de la part des services du rectorat.
Loïc VATIN
Président académique